Gustave Courbet
Peintre

Gustave Courbet

Personnalité majeure de l’histoire de l’art et considéré comme un grand peintre de la peinture française et occidentale, Gustave Courbet a su contribuer à la fabrication d’un nouveau style réaliste, qui a su bouleverser les codes et choquer la critique d’art du XIXème siècle. Peintre social, maîtrisant aussi bien la technique du portrait, des paysages que de la nature morte, il a eu à cœur de représenter son environnement tel qu’il le voyait, sans l'idéalisme propre à l’académisme et au romantisme.

 

Découvrez les plus belles oeuvres de Gustave Courbet, avec son huile sur toile « Les Casseurs de pierres », tableau réaliste de grande dimension, montrant sans filtre deux hommes travaillant la pierre, faisant abstraction des sujets nobles normalement dédiés aux compositions de cette taille, son célèbre tableau « Le Désespéré », autoportrait représentant sa difficulté à trouver son identité, ou encore son oeuvre non moins célèbre « L’origine du Monde », peinture à l’huile qui aujourd’hui encore fait débat au sein de la société.

 

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Biographie de Gustave Courbet.

 

La jeunesse de Gustave Courbet : du Doubs à Paris.

 

Né en 1819 à Ornans, dans le Doubs, Jean Désiré Gustave Courbet voit le jour dans une famille d'agriculteurs et propriétaires terriens, relativement aisée pour l’époque. C’est pendant sa jeunesse qu’il côtoie de manière quotidienne les habitants de la ruralité, qui l’inspireront dans la suite de sa carrière. Dès le plus jeune âge, le jeune homme se passionne pour le dessin, au détriment de ses études, d’abord dans sa ville natale, où on le voit peindre ses premiers tableaux, puis à Besançon, où il suit les cours de Charles-Antoine Flajoulot, directeur de l’École des Beaux Arts de la ville, dans laquelle Courbet n’est pas inscrit, mais où il se plaît à se rendre pour suivre toujours plus de leçons. 

 

En 1839, il rejoint Paris pour y suivre des études de droit, qu’il abandonne rapidement au profit de l'art. Soutenu financièrement par son père, c’est dans la capitale qu’il se rend régulièrement au musée du Louvre, afin d'y copier les grands peintres français, comme les peintres étrangers, et qu’il s’initie aussi bien à l’académisme des peintres hollandais et espagnols, qu’à la peinture romantique française, étant admiratif des compositions peintes par des peintres romantiques comme Delacroix. C’est à cette période, dans le cadre de ses premiers séjours en Normandie et à Fontainebleau, qu'il peint ses premiers tableaux de paysages dans une inspiration romantique.

 

Le temps des premières expositions pour Gustave Courbet.

 

Après quelques années à peaufiner sa technique, Gustave Courbet souhaite se lancer dans sa première exposition, en présentant ses « Portraits d'Urbain Cuenot et Adolphe Marlet » au Salon de 1841. Malheureusement pour l’artiste franc-comtois, le jury du Salon Officiel refuse sa toile. Suivant des cours dans l’académie de Charles Suisse, qu’il délaisse rapidement, lassé de l'académisme qui y est enseigné, et disposant désormais de son propre atelier, Courbet retente sa chance au Salon de 1842, avec deux toiles de tailles modestes, qui sont également refusées. Au Salon de 1843, les portraits qu’il produit et présente sont à nouveau refusés. C’est seulement en 1844, après trois essais infructueux, que l’un de ses tableaux présentés, son « Autoportrait au chien noir », est enfin accepté par le Salon Officiel. 

 

Dans une recherche constante, Courbet s’inspire des anciens peintres comme de ses contemporains, de l’académisme d’Ingres, au romantisme de Delacroix, en passant par la palette de couleur des artistes néerlandais, entre autres, dans une série d’autoportraits et de portraits montrant son évolution artistique. Cette recherche aboutit à l’autoportrait « Le Désespéré, composition représentant sa difficulté à trouver sa propre identité. Au Salon de 1845, c’est son œuvre dans un style troubadour, « le Guitarrero », qui est retenue par le jury, puis son portrait « Homme à la ceinture de cuir », nouvelle peinture qui est également retenue dans le cadre du Salon de 1846. Toujours peu reconnu par le public et le monde de l'art au milieu des années 1840, toutes ses toiles sont refusées à l’exposition officielle de 1847. À cette période, Courbet part au Pays-Bas et en Belgique, où il retrouve l’influence flamande dans ses productions, et la vie au milieu des classes populaires, en fréquentant les nombreux cafés du plat pays.

 

Virage vers le réalisme : le style de Gustave Courbet.

 

De retour à Paris en 1848, Gustave Courbet emménage dans un nouvel atelier dans le 6e arrondissement parisien, quartier où il côtoie la population bohème de l’époque, avec nombre d’artistes peintres, écrivains, sculpteurs, journalistes et autres penseurs, comme Charles Baudelaire, Alexandre Schanne, Alfred Delvau ou encore Jules Champfleury. Au milieu de ses amis, Gustave Courbet, inspiré par les relents révolutionnaires de 1848, change sa manière de peindre, souhaitant offrir une nouvelle voie à la tradition picturale de l’académisme et du romantisme. Loin de l’idéalisme pictural des toiles académiques, Courbet commence à dépeindre le réel, dans un art réaliste qui a l’ambition de représenter le « vrai ».

 

De retour dans sa ville natale, à l’occasion de l’enterrement de son grand-père, il produit ses premières toiles dans ce nouveau style de peinture réaliste. Il confie alors le soin à ses amis Beaudelaire et Jules Champfleury de présenter ses toiles et dessins au Salon de 1849. Avec six compositions et un dessin retenus, principalement des paysages et des portraits, c’est surtout sa scène de genre grand format « Une après-dînée à Ornans » qui ressort du lot avec une médaille d’or, qui le dispense désormais de l'acceptation du jury pour présenter ses productions, et un achat par la République fraîchement mise en place. Cette distinction ne lui permet cependant pas d’accéder à la notoriété auprès du grand public, aucune des autres compositions présentées n’étant achetées par les collectionneurs.

 

Premiers succès et scandales pour Gustave Courbet.

 

Toujours dans son village d’origine, Gustave Courbet se lance dans une série de peintures réalistes inspirées par les paysages et les habitants de la région. Les œuvres du peintre réaliste se voient alors exposées dans sa région, à Besançon et à Dijon, puis au Salon Officiel, à la toute fin de l’année 1850. C’est à cette occasion que l’ « Enterrement à Ornans », gigantesque scène de genre mettant en scène les notables et sa famille, fit scandale. Son grand format, habituellement dédié à la peinture d’histoire et aux scènes religieuses et mythologiques, choque le milieu bourgeois et réactionnaire avec son réalisme qui détonne dans des œuvres de ce gabarit. Pour la critique, le choix des sujets, avec des paysans, des ouvriers, ou encore des hommes et des femmes du monde rural, et la mise en avant de leurs défauts, comme on peut le voir dans « Les baigneuses », qui provoqua également son lot de scandales lors du Salon de 1953 avec sa femme nue, peinte telle que Courbet voyait les femmes de sa campagne natale, ne devrait pas lui permettre d’exposer dans des formats nobles qui sont censé idéaliser les sujets avec une minutie quasi chirurgicale. Ces coups d’éclats picturaux apportèrent cependant à Gustave Courbet une certaine notoriété, et le nom du peintre revient alors avec insistance dans le cercle des collectionneurs. C’est ainsi qu’il trouve son premier grand mécène, Alfred Bruyas, également mécène de Delacroix, qui lui permet de vivre de son travail et de se détacher de l'indispensable, mais maigre soutien que lui donnait son père jusqu’alors.

 

Voyages et reconnaissance de Gustave Courbet.

 

Désormais reconnu par ses pairs, Courbet n’est cependant pas en odeur de sainteté auprès du Salon, dont ses compositions sont refusées après plusieurs années à exposer sans contraintes. Il obtient cependant le droit d’ouvrir, en marge de l’exposition officielle, son propre pavillon du réalisme, qui ouvrira ses portes en 1855. Exposant quarante œuvres, totalement représentatives du mouvement artistique que Courbet souhaite instaurer, même Delacroix, alors maître incontesté du romantisme, reconnaîtra son talent, et fera part de son incompréhension à sa non-sélection au Salon officiel. Avec ses « Demoiselles des bords de la Seine », Courbet annonce le futur mouvement des impressionnistes. Cette scène de genre grand format sera une source d'inspiration pour les peintres impressionnistes de la fin du XIXe siècle, notamment pour Manet. Les commandes commencent alors à affluer pour le peintre franc-comtois, et c’est aussi à cette période de sa vie qu’il va commencer à voyager, en Allemagne, en Belgique, ou encore sur les côtes normandes et atlantiques, où il exposera et peindra plusieurs paysages en plein air et natures mortes. S’éloignant de la capitale, Courbet retourne à Ornans, où l’atelier du peintre prend place. Considéré comme un artiste socialiste par son ami Pierre Joseph Proudhon, et vu comme tel par le gouvernement de Napoléon III, avec ses sujets populaires et réalistes, si Gustave Courbet obtient tout de même un Poste au Comité national des Beaux-Arts, il reste boudé par l’État qui lui refuse la Légion d'honneur dans un premier temps. Ses coups d’éclat artistiques lui permettent toutefois de se faire connaître hors de l’Europe, avec sa toile « Le retour de la conférence », tableau anticlérical mettant en scène des curés ivres, représentation totalement impensable à l’époque. Refusée au Salon, et même au Salon des refusés, à cause de son immoralité, Courbet va réussir à exposer cette œuvre dans toute l’Europe, et jusqu’à New-York aux Etats-Unis. Paris, Gand, Le Havre, Deauville, Etretat, Courbet voyage jusque dans les années 1870, enchaînant les peintures et les expositions, jusqu’à ce que Napoléon III lui propose finalement la Légion d'honneur, qu'il refuse au nom de sa liberté et de sa non-appartenance à aucune institution, école, régime ou église.

 

Commune et exil de Gustave Courbet.

 

Après la fin de l’Empire, en 1870 et la destitution de Napoléon III, et devant l’avancée des troupes prussiennes en France, Courbet est nommé président de la surveillance générale des musées français par le gouvernement de défense nationale. Suite à l’armistice du 28 janvier 1871, Courbet, de plus en plus en désaccord avec le gouvernement de défense nationale, prend une part active à la Commune qui ébranle la capitale depuis plusieurs mois. Élu au conseil de la Commune, il devient alors délégué aux Beaux-Arts. Toujours indépendant dans ses décisions, il s’élève contre la création d’un Comité de salut public, refusant tout autoritarisme. Ayant voulu déplacer la colonne Vendôme à peine un an plus tôt, et la détruire partiellement pour en récupérer le métal pour la fabrication de monnaie avant le siège de la capitale, l’artiste peintre français est reconnu, à la défaite des communards, comme un révolutionnaire et instigateur de la destruction de la colonne Vendôme. Pour cela, Courbet est condamné à six mois de prison en 1871, et à payer sa reconstruction, par décision du maréchal Mac Mahon en 1873. Ruiné et ne pouvant payer une telle somme, Courbet qui était revenu à Ornans décide de s’exiler en Suisse, à proximité de Montreux afin d’échapper à une nouvelle peine de prison qui est prononcée en 1874. Lors de son exil, il peint, reçoit ses amis, sa famille et des peintres parmi les principaux artistes français du moment, qui lui permettent de vivre en vendant ses tableaux pour lui. Il ouvre même une boutique à Genève d’où il peut vendre sa production, et se rend dans tout le pays, ainsi qu’en Autriche où il participe à l’exposition universelle de 1873. En 1877, il commence à peindre « Grand Panorama des Alpes », en vue de l’exposition universelle de 1878. Refusant toutefois de retourner en France, par solidarité avec les exilés, et son état de santé s’étant affaibli, il s’éteint le 31 décembre 1877, 2 ans avant l’amnistie générale des communards.

 

L’héritage de Gustave Courbet.

 

Considéré à juste titre comme l’un des peintres les plus importants de la peinture occidentale du XIXème siècle, si ce n’est le plus important, l’œuvre du peintre a su changer la manière d’aborder l’art, avec ses tableaux mettant en avant la réalité telle qu’elle est, sans idéaliser ses sujets. Chef de file du mouvement réaliste, les tableaux du peintre ont inspiré aussi bien les peintres réalistes comme Jean-François Millet ou Édouard Manet, que ceux qui se feront appeler les impressionnistes à la fin du XIXe siècle. On retrouve ainsi ses tableaux partout autour de la planète, de l’Europe aux États-Unis, en passant par le Japon, avec, parmi des centaines d’œuvres exposées, « L'Origine du monde », exposé au Musée d’Orsay, mais aussi « Lutteurs » au Musée des beaux-arts de Budapest, ou encore « Panorama des Alpes » au Musée d'Art et d'Histoire de Genève.

 

 

 

 

 

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