Reproduction de tableau "Arearea (Joyeusetes)" Deux tahitiennes avec un chien. de Paul Gauguin

Arearea : un hymne à la joie tahitienne

Arearea, aussi connu sous le nom de Joyeusetés, est né du désir de Gauguin de rompre avec la civilisation occidentale et de trouver une authenticité primitive qu'il pensait disparue en Europe. Arrivé à Tahiti en 1891, il est immédiatement séduit par la beauté de l'île, la culture et les traditions polynésiennes. Il s'inspire des paysages luxuriants, des mythes et légendes locales, et de la vie quotidienne des Tahitiens pour créer des œuvres imprégnées d'une atmosphère mystique et symbolique. Arearea s'inscrit dans cette démarche, exprimant la vision idéalisée que Gauguin se faisait de la vie tahitienne, un paradis terrestre où règnent l'harmonie et la sérénité. Il cherche à travers cette toile, peinte en 1892, à capturer l'essence même de l'esprit "arearea", qui signifie "joyeusetés" ou "divertissements" en tahitien, et qui évoque une forme de bonheur simple et spontané.

Arearea : Une symphonie de couleurs et de formes

L’huile sur toile de 75 cm de haut sur 94 cm de large, se caractérise par une composition audacieuse et des couleurs vibrantes. On y retrouve ainsi une palette dominée par des teintes rouges et orangées, vertes et bleues. Gauguin utilise des aplats de couleurs vives, cernés de contours noirs qui rappellent l'art japonais et les estampes qu'il admirait. La perspective est aplatie, les formes simplifiées et stylisées, conférant à la scène une dimension décorative et presque irréelle. L'espace est organisé en plans successifs, guidant le regard du spectateur de l'avant vers l'arrière-plan. L’arbre aux formes sinueuses encadre la scène, créant une impression d'intimité et de mystère.

Au cœur de la scène proposée par Arearea : figures et mystère

Au centre du tableau, deux femmes tahitiennes sont assises sur l'herbe, occupant une place prépondérante dans la composition. Vêtues de robes colorées, leurs postures, leurs gestes et leurs expressions faciales dégagent une impression de calme et de sérénité. Un chien rouge, sans doute une représentation du chien de l’artiste lui-même, se tient à leurs côtés. À l'arrière-plan, d'autres personnages participent à un rituel autour d'une idole divine, suggérant la présence d'une dimension spirituelle et mystique. Gauguin joue avec les contrastes entre les zones d'ombre et de lumière pour accentuer l'atmosphère énigmatique de la scène.

Symbolisme et interprétations dans Arearea

Arearea est riche en symboles qui renvoient à la culture et aux croyances polynésiennes. L'idole fictive, représentation d'une divinité, évoque le lien profond entre les Tahitiens et le monde spirituel. Le rituel en arrière-plan peut être interprété comme une célébration de la vie et une connexion avec les esprits. Les couleurs vives et les motifs floraux symbolisent l'abondance et la vision idéalisée de la nature tropicale. Les deux femmes au premier plan, quant à elles, représentent la beauté et la sensualité des femmes tahitiennes, mais aussi la sagesse et la spiritualité. Gauguin laisse volontairement une part d'ambiguïté dans son œuvre, invitant le spectateur à interpréter les symboles et à se laisser transporter par l'atmosphère du tableau.

L'héritage d'Arearea

Arearea occupe une place importante dans la carrière de Gauguin. Ce tableau témoigne de sa quête d'un art nouveau, affranchi des conventions académiques et inspiré par les cultures non occidentales. Cette toile conservée au Musée d'Orsay, ouvre la voie au XXe siècle, notamment pour les Fauves et les Expressionnistes, qui admirent sa liberté de composition, son utilisation audacieuse des couleurs et sa capacité à exprimer des émotions intenses.

Arearea reste aujourd'hui une œuvre emblématique du postimpressionnisme et un symbole du rêve exotique qui a marqué la fin du XIXe siècle. Malgré les controverses entourant la vie et l'œuvre de Gauguin, Arearea continue de fasciner et d'interroger, nous invitant à réfléchir sur notre rapport à la nature, à la spiritualité et à l'altérité.

Cette oeuvre est une peinture de la période moderne appartenant au style impressionnisme.

Le lieu de conservation de « "Arearea (Joyeusetes)" Deux tahitiennes avec un chien. » est Musée d'Orsay, Paris, France.