Du genre et de l’art

Chez Muzéo, nous avons pour volonté de sans cesse renouveler notre regard critique sur ce qui anime le monde de l’art. Et nous voulons aussi partager avec vous nos questionnements, avis et savoirs sur des sujets toujours plus d’actualité. Aujourd’hui, nous allons avec vous tenter d’explorer la notion de genre dans le monde et l’histoire de l’art.

Alors, prêt.e à nous suivre ?

Avant toute chose, il nous semble important de recontextualiser la notion de genre. C’est au XXe siècle, avec l’émergence d’une pensée féministe et la volonté d’émancipation des femmes en Occident qu’est apparue la notion de genre. Ainsi, si on différencie le sexe d’une personne d’un point de vue biologique (sexe féminin ou sexe masculin), le genre lui est la représentation sociale que se fait un individu de lui-même. Une personne peut donc avoir le sentiment d’être de genre masculin, féminin, ni l’un ni l’autre, ou encore les deux.

Nous allons ici nous intéresser à la manière dont les artistes ont pensé et ont représenté le genre dans leurs activités artistiques.

Une éducation artistique genrée

Si les femmes ont aujourd’hui accès à la même éducation artistique que les hommes, cela n’a pas toujours été le cas. Ce n’est que très récemment qu’une certaine égalité face à l’enseignement artistique s’est développée. Par exemple, jusqu’au XIXe siècle, les femmes n’avaient pas le droit de dessiner des nus pendant leurs cours d’art et c’est seulement à partir de 1897 que l’École Nationale des Beaux-Arts de France devient mixte. De plus, on a longtemps attribué (et on attribue encore aujourd’hui) certaines caractéristiques aux hommes, et d’autres aux femmes, qui devraient alors se refléter dans leur art. Ainsi, selon l’argument biologique, les femmes devraient être sensibles, douces, grâcieuses, élégantes… sans non plus trop en faire.

On voit très bien cette construction sociale dans l’œuvre d’Elisabeth Vigée Le Brun. Dans de nombreux autoportraits, l’artiste se représente enlaçant sa fille. Elle ne se dévoile ni en tant qu’artiste, ni en tant que femme à part entière, mais bien en tant que mère. 

Alors qu’elle se refuse le statut d’artiste dans son autoportrait, elle représente pourtant Hubert Robert, dans l’œuvre ci-contre, avec pinceaux et palette à la main, le regard hors-cadre, fougueux et inspiré, tourné vers un avenir qui semble radieux. 

 

La légitimité artistique des femmes est-elle la même que celle des hommes ?

L’éducation artistique des jeunes filles était souvent constituée des arts dits « mineurs », comme le pastel, la broderie ou le tissage, majoritairement dépréciés et dévalorisés. Cependant, si des hommes s’emparaient de ces « arts mineurs », ils avaient beaucoup plus de facilité à atteindre des postes et des statuts sociaux élevés, contrairement à leurs consœurs qui, elles, avaient bien souvent du mal à s’élever hors de la sphère domestique. Ainsi, quand un homme deviendra un chef cuisinier ou un grand couturier, les femmes n’exerceront ces tâches que comme des hobbies ou des corvées ménagères. 

D’autre part, à format égal, la valeur de l’art n’est souvent pas la même selon qu’un artiste soit un homme ou une femme. D’un point de vue financier, la différence est flagrante : par exemple, l’œuvre d’art la plus chère vendue par une artiste femme est un tableau de Georgia O’Keeffe pour 44,4 millions de dollars, contre 450 millions de dollars pour une œuvre de Léonard de Vinci. Aujourd’hui encore, on observe une forte disparité de revenus entre les artistes hommes et femmes. En France, en 2020, celles-ci gagnaient en moyenne 26% de moins que les hommes (avec des écarts plus ou moins grands par famille de métiers).

Le monde de l’art serait-il misogyne ?

On tient de l’artiste Piet Mondrian cette citation :

« L’homme-artiste est féminin et masculin à la fois : par conséquent, il n'a pas besoin d'avoir une femme. L'artiste femme n'est jamais complètement artiste, donc on ne peut pas dire qu'elle n'a pas besoin d'homme. »

Cette vision selon laquelle l’artiste-homme serait supérieur, seulement du fait de son genre, est très courante pour l’époque. On pensait par ailleurs, que seuls les hommes pouvaient être des « génies », des « maîtres », des visionnaires, et donc qu’eux seuls pouvaient révolutionner le monde de l’art. De nombreux exemples dans l’histoire de l’art nous ont cependant prouvé le contraire, comme l’artiste Hilma Af Klint, pionnière de l’abstraction, bien avant les génies du genre tel que Kandinsky ou Mondrian (L’œuvre d’Hilma Af Klint n’est sortie de l’ombre qu’en 1986).

 

Le sujet étant bien vaste à traiter, nous espérons que, comme nous, vous vous êtes interrogé.e, et en avez appris un peu plus sur l’histoire de l’art (des arts !).

Et si le sujet de la représentation du genre dans le monde et l’histoire de l’art vous intéresse, nous vous invitons à rester aux aguets pour la suite de notre questionnement sur le sujet !

« Non seulement je regarderai, mais je veux que ma vision change la réalité »
bell hook

Chez Muzéo, nous avons pour volonté de sans cesse renouveler notre regard critique sur ce qui anime le monde de l’art. Et nous voulons aussi partager avec vous nos questionnements, avis et savoirs sur des sujets toujours plus d’actualité. Aujourd’hui, nous allons avec vous tenter d’explorer la notion de genre dans le monde et l’histoire de l’art.

Alors, prêt.e à nous suivre ?

Avant toute chose, il nous semble important de recontextualiser la notion de genre. C’est au XXe siècle, avec l’émergence d’une pensée féministe et la volonté d’émancipation des femmes en Occident qu’est apparue la notion de genre. Ainsi, si on différencie le sexe d’une personne d’un point de vue biologique (sexe féminin ou sexe masculin), le genre lui est la représentation sociale que se fait un individu de lui-même. Une personne peut donc avoir le sentiment d’être de genre masculin, féminin, ni l’un ni l’autre, ou encore les deux.

Nous allons ici nous intéresser à la manière dont les artistes ont pensé et ont représenté le genre dans leurs activités artistiques.

Une éducation artistique genrée

Si les femmes ont aujourd’hui accès à la même éducation artistique que les hommes, cela n’a pas toujours été le cas. Ce n’est que très récemment qu’une certaine égalité face à l’enseignement artistique s’est développée. Par exemple, jusqu’au XIXe siècle, les femmes n’avaient pas le droit de dessiner des nus pendant leurs cours d’art et c’est seulement à partir de 1897 que l’École Nationale des Beaux-Arts de France devient mixte. De plus, on a longtemps attribué (et on attribue encore aujourd’hui) certaines caractéristiques aux hommes, et d’autres aux femmes, qui devraient alors se refléter dans leur art. Ainsi, selon l’argument biologique, les femmes devraient être sensibles, douces, grâcieuses, élégantes… sans non plus trop en faire.

On voit très bien cette construction sociale dans l’œuvre d’Elisabeth Vigée Le Brun. Dans de nombreux autoportraits, l’artiste se représente enlaçant sa fille. Elle ne se dévoile ni en tant qu’artiste, ni en tant que femme à part entière, mais bien en tant que mère. 

Alors qu’elle se refuse le statut d’artiste dans son autoportrait, elle représente pourtant Hubert Robert, dans l’œuvre ci-contre, avec pinceaux et palette à la main, le regard hors-cadre, fougueux et inspiré, tourné vers un avenir qui semble radieux. 

 

La légitimité artistique des femmes est-elle la même que celle des hommes ?

L’éducation artistique des jeunes filles était souvent constituée des arts dits « mineurs », comme le pastel, la broderie ou le tissage, majoritairement dépréciés et dévalorisés. Cependant, si des hommes s’emparaient de ces « arts mineurs », ils avaient beaucoup plus de facilité à atteindre des postes et des statuts sociaux élevés, contrairement à leurs consœurs qui, elles, avaient bien souvent du mal à s’élever hors de la sphère domestique. Ainsi, quand un homme deviendra un chef cuisinier ou un grand couturier, les femmes n’exerceront ces tâches que comme des hobbies ou des corvées ménagères. 

D’autre part, à format égal, la valeur de l’art n’est souvent pas la même selon qu’un artiste soit un homme ou une femme. D’un point de vue financier, la différence est flagrante : par exemple, l’œuvre d’art la plus chère vendue par une artiste femme est un tableau de Georgia O’Keeffe pour 44,4 millions de dollars, contre 450 millions de dollars pour une œuvre de Léonard de Vinci. Aujourd’hui encore, on observe une forte disparité de revenus entre les artistes hommes et femmes. En France, en 2020, celles-ci gagnaient en moyenne 26% de moins que les hommes (avec des écarts plus ou moins grands par famille de métiers).

Le monde de l’art serait-il misogyne ?

On tient de l’artiste Piet Mondrian cette citation :

« L’homme-artiste est féminin et masculin à la fois : par conséquent, il n'a pas besoin d'avoir une femme. L'artiste femme n'est jamais complètement artiste, donc on ne peut pas dire qu'elle n'a pas besoin d'homme. »

Cette vision selon laquelle l’artiste-homme serait supérieur, seulement du fait de son genre, est très courante pour l’époque. On pensait par ailleurs, que seuls les hommes pouvaient être des « génies », des « maîtres », des visionnaires, et donc qu’eux seuls pouvaient révolutionner le monde de l’art. De nombreux exemples dans l’histoire de l’art nous ont cependant prouvé le contraire, comme l’artiste Hilma Af Klint, pionnière de l’abstraction, bien avant les génies du genre tel que Kandinsky ou Mondrian (L’œuvre d’Hilma Af Klint n’est sortie de l’ombre qu’en 1986).

 

Le sujet étant bien vaste à traiter, nous espérons que, comme nous, vous vous êtes interrogé.e, et en avez appris un peu plus sur l’histoire de l’art (des arts !).

Et si le sujet de la représentation du genre dans le monde et l’histoire de l’art vous intéresse, nous vous invitons à rester aux aguets pour la suite de notre questionnement sur le sujet !

« Non seulement je regarderai, mais je veux que ma vision change la réalité »
bell hook