le RAMEQUIN

Les années quarante s’achèvent, se relevant péniblement mais sûrement, de la seconde guerre mondiale. Le temps de la peur s’éloigne, vient le temps de la reconstruction, de l’optimisme, de la légèreté et de l’insouciance. L’on se croirait revenu au second empire, lorsque les femmes étaient des roses, et que les mondanités étaient leur jardin. Mais nous sommes en 1947, et la femme n’est plus une rose : c’est une orchidée, à la sophistication et au mystère absolument épanouis. Ongles laqués/lèvres rouge sang, taille sanglée et poitrine bombée, c’est une amazone de la féminité qui surgit alors dans le paysage d’après guerre.

La Femme devient un emblème, une déesse, et la mode devient une arme subtile, laissant croire au naturel alors que tout est maîtrisé, calculé. La guêpière est une arme, la robe-bustier est une arme, la taille s’affine pour affoler le mâle, et les imprimés fleuris laissent croire à une fragilité féminine. Que nenni, la femme est l’impératrice du bon goût, du faste et de la représentation mondaine, autant dire de la vie. L’on admire la femme qui incarne le plus la féminité, et on la respecte jusqu’à l’adoration.

Parallèlement, la génération Sagan se détache de tout cela et porte le pull, le jean et le pantalon cigarette à la ville comme à la campagne. C’est l’émergence de la cool attitude, de la détente, de l’esprit bo-bo, l’on se débarrasse du superflu. La ligne est moins formelle, l’on s’émancipe de ce besoin d’incarner une féminité toujours parfaite : l’habit n’est plus un écrin, mais un confort.

Du 12 juillet au 2 novembre 2014, le Palais Galliera réunit 100 modèles et accessoires pour faire revivre cette époque faste et transitoire, fondatrice, même, de la mode. Provenant des collections du Palais Galliera, trésors des plus grands couturiers, ces pièces rares et magistrales nous plongent dans une époque fastueuse, significative, de l’aube du New Look à l’avènement d’Yves Saint-Laurent.